- Xavier BRETON, député de l'Ain - http://www.xavierbreton.fr -

Xavier Breton propose au Ministre de l’Education nationale des pistes de réforme

école [1]

Malgré les évolutions positives annoncées par le Ministre, notre système éducatif continue d’avoir des défauts : il est inégalitaire et ses performances sont insuffisantes. Xavier Breton a donc interpellé le Ministre lors de la séance du 17 janvier afin de lui proposer 2 pistes de réformes concrètes : 1) l’évaluation du système éducatif est essentielle et devrait être indépendante 2) aller plus loin dans l’autonomie donnée aux établissements scolaires.

Retrouvez ci-dessous le texte de sa question ainsi que la réponse que lui a apportée le Ministre.

M. Xavier Breton [2]. Monsieur le ministre, votre nomination à la tête du ministère de l’éducation nationale suscite de l’espoir car vous souhaitez revenir sur les symboles « pédagogistes » les plus polémiques, qui ont fait la preuve de leur inefficacité, voire de leur nocivité. Ainsi, vous vous êtes prononcé pour l’apprentissage des quatre opérations arithmétiques dès le CP et le CE1, vous avez annoncé la fin du prédicat, vous retenez davantage de chronologie dans l’enseignement de l’histoire et vous remettez très fermement en cause les méthodes semi-globales, encore trop utilisées pour l’apprentissage de la lecture.

Cependant, il faut avoir conscience que notre système éducatif continue d’avoir des défauts : il est inégalitaire et ses performances sont insuffisantes. Nous ne pouvons donc pas nous contenter de ces résultats. Deux pistes de réflexion pour une vraie réforme de l’éducation, qui me paraissent fondamentales, n’ont pourtant pas encore été abordées.

La première concerne l’évaluation du système éducatif, qui est essentielle et devrait être indépendante. Ne faudrait-il pas revoir le rôle de l’inspection et séparer les fonctions de conseil et de contrôle ? Ces dernières pourraient alors être confiées à un organisme indépendant chargé de mesurer les performances des élèves et non les méthodes utilisées. De plus, pour donner corps au principe de liberté pédagogique inscrit dans la loi d’avril 2005, l’inspection devrait porter d’abord sur les résultats, et seulement dans un second temps sur les méthodes. Monsieur le ministre, que prévoyez-vous pour revoir le rôle de l’inspection ?

Deuxième piste, selon l’OCDE – l’Organisation de coopération et de développement économiques –, il existe une corrélation certaine entre performance d’un système et autonomie accordée aux établissements. Il faut donc aller plus loin dans l’autonomie donnée aux établissements en instaurant un vrai statut du directeur d’école – un sujet cher à notre collègue Frédéric Reiss –, qui permettrait de mettre en œuvre un véritable projet d’établissement et une véritable gestion des ressources éducatives. Selon vous, monsieur le ministre, quelles pistes pourrait-on explorer pour octroyer une vraie liberté aux acteurs de notre système éducatif et rétablir ainsi la confiance dans ce système ?

M. Jean-Michel Blanquer [3], ministre. Monsieur Breton, votre question soulève de nombreux sujets, auxquels je ne suis pas certain de répondre totalement en deux minutes.

La question de l’évaluation est évidemment centrale pour toutes les politiques publiques, a fortiori pour celle de l’éducation. Effectivement, nous considérons les différents systèmes étrangers qui fonctionnent bien comme des éléments de stimulation, qu’il convient de regarder ; d’ailleurs, la comparaison des systèmes éducatifs nationaux dans le cadre des évaluations est un vecteur de progrès pour notre propre système.

À peine nommé ministre de l’éducation nationale, j’ai commandé aux inspections générales un rapport sur leur propre évolution. J’y ai associé l’ancienne doyenne de l’inspection générale d’Écosse, administration réputée pour son efficacité. Les conclusions de ce rapport me seront remises dans quelques jours, et je m’en servirai pour engager une évolution des deux inspections générales de l’éducation nationale en France. Celle-ci sera guidée par l’idée de constituer une inspection chargée de l’évaluation et une inspection chargée de la construction ; autrement dit, il faut sortir d’un système marqué par la prééminence du contrôle, au détriment de l’évaluation.

Je parle en permanence d’« école de la confiance » : c’est autour de cette notion de confiance que nous devons faire évoluer la mission d’inspection, tant à l’échelle locale, pour nos inspections régionales, qu’à l’échelle nationale. Concrètement, cela signifie que, dans le futur, les inspections joueront un rôle d’accompagnement des écoles et des établissements dans l’élaboration puis dans l’application de leurs projets éducatifs, de plus en plus autonomes et personnalisés, dans une logique de confiance mais aussi, en fin de période, d’évaluation. Tel est l’esprit général des évolutions futures.

En matière d’évaluation, mon ministère est doté d’institutions solides. Nous avons conservé le CNESCO – Conseil national d’évaluation du système scolaire –, créé par la loi de 2013, qui gagne en scientificité. Quant à la direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance, elle fournit de bonnes statistiques et jouit d’une bonne reconnaissance. C’est en consolidant le travail de ces institutions renouvelées et rénovées que nous mettrons en place une culture de l’évaluation de notre système.