comprenez-vous que pour beaucoup de Français courir entre des tombes, courir au milieu des morts de Verdun, c’est quelque chose qui ne se fait pas ?
“Comprenez-vous que pour beaucoup de Français courir entre des tombes, courir au milieu des morts de Verdun, c’est quelque chose qui ne se fait pas ?”
Questions au Gouvernement séance du mardi 31 mai
Xavier BRETON. Monsieur le Premier ministre, quel malin plaisir prenez-vous, avec le Président de la République, à diviser continuellement les Français ?
Vous les divisez avec le projet de loi travail, avec les réformes controversées des rythmes scolaires et du collège, avec la remise en cause des fondements même de notre politique familiale. Vous divisez les Français dans de nombreux domaines alors que nous devrions être au contraire rassemblés pour affronter une situation internationale explosive et pour relever les défis du redressement de notre économie.
La commémoration du centenaire de la bataille de Verdun aurait pu, aurait dû être une formidable occasion de nous rassembler dans le souvenir de tous les Poilus tombés au Champ d’honneur, au lieu de quoi les initiatives déplacées que vous avez prises ont suscité des polémiques.
Il y eut tout d’abord le concert de ce groupe de rap, connu pour dénigrer violemment notre pays.
Heureusement, le sursaut de nombreux Français a entraîné son annulation.
Mais ensuite, ce week-end, les images de 3 400 jeunes courant au milieu des croix blanches qui recouvrent la nécropole nationale de Douaumont ont choqué nombre de nos compatriotes.
Car au-delà des intentions artistiques de cette chorégraphie, les Français ont surtout ressenti ce spectacle comme une énorme faute de goût. Là où ils attendaient le recueillement et le respect dus aux héros de Verdun, là où ils attendaient un geste fort, à l’image des mains jointes de François Mitterrand et de Helmut Kohl, ils ont assisté à un spectacle qui piétinait, au sens propre et au sens figuré, les symboles de la mémoire et du sacrifice !
Monsieur le Premier ministre, comprenez-vous que pour beaucoup de Français courir entre des tombes, courir au milieu des morts de Verdun, c’est quelque chose qui ne se fait pas ?
Alors, monsieur le Premier ministre, quand cesserez-vous d’attiser le feu en divisant continuellement les Français au lieu de les rassembler ?
Manuel VALLS. Premier ministre. Monsieur le député : diviser, c’est chercher des polémiques où elles n’ont pas lieu d’être.
Très honnêtement et sincèrement, en vous écoutant, je me rappelais les images que j’ai eu l’occasion de voir dimanche – puisque je n’étais pas présent à Verdun. J’ai eu l’occasion de voir une belle cérémonie. Chacun, ensuite, peut avoir son avis, mais tout de même…
C’était une belle cérémonie pour rendre hommage à ceux qui ont versé leur sang pour notre patrie et pour la liberté. C’était une belle cérémonie, après les rénovations qui ont été engagées sur place, dans ce lieu unique de mémoire. C’était une belle cérémonie parce que la mémoire et la vie – c’est-à -dire la jeunesse – s’étaient données rendez-vous. Tout de même ! Les symboles étaient me semble-t-il suffisamment clairs !
Et cent ans après, alors qu’il n’y a plus aucun Poilu survivant, monsieur le député, quel message la Chancelière allemande et le Président de la République ont-ils voulu passer ? C’est un message d’amitié entre la France et l’Allemagne, ces deux pays qui se sont fait la guerre pendant des siècles ! C’est un message d’espoir pour la jeunesse et un message de foi dans l’Europe ! Voilà , monsieur le député, quel était le message !
Alors, on peut se diviser, polémiquer et débattre sur bien des sujets mais, tout de même, lorsqu’il s’agit de ces commémorations, de la France et de l’Allemagne main dans la main, de l’Europe, on cherche à élever le débat, monsieur le député !