A propos de Renault Trucks …

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La filière des véhicules industriels doit d’autant plus être entendue et soutenue qu’elle rencontre des difficultés importantes. Certaines décisions doivent aussi nous interroger. C’est le cas de la cession par Renault de la totalité de ses actions détenues dans le groupe Volvo AB. Renault perd ainsi tout droit de regard sur la marque Renault Trucks.

Je ne juge pas l’opportunité de cette opération pour le constructeur automobile, mais le Gouvernement a-t-il pris toute la mesure de cette décision pour Renault Trucks ? Quelle sera, à l’avenir, la stratégie du groupe suédois à l’égard des sites de production français Renault Trucks, dont celui de Bourg-en-Bresse ? Quelle est la position du Gouvernement dans ce dossier ?

Voilà en synthèse l’objet de ma question lors de la séance à l’Assemblée nationale de jeudi 24 janvier. Je vous laisse prendre connaissance ci-dessous de ma question ainsi que de la réponse du Ministère du redressement productif. La réponse est d’ailleurs peu satisfaisante tant elle entretient la confusion entre Renault groupe automobile et Renault Trucks, constructeur de camions… Je suis donc réintervenu après la réponse pour que la logique industrielle du groupe Renault ne fasse pas oublier la situation de Renault Trucks et de la filière camions.

Xavier Breton :
“Hier soir avait lieu ici-même un débat consacré à la politique industrielle de notre pays. En tant que Président du groupe d’études “Filière Véhicules Industriels” à l’Assemblée nationale, j’ai eu l’occasion d’alerter monsieur le Ministre du Redressement productif sur les inquiétudes et les difficultés qu’éprouvait aujourd’hui cette filière.
Je voudrais ce matin évoquer la situation particulière du constructeur Renault Trucks. Renault Trucks c’est 60 000 véhicules vendus en 2012. Renault Trucks c’est 14 000 salariés, dont 10 000 en France sur les sites de Bourg-en-Bresse, Vénissieux, Saint-Priest, Blainville-sur-Orne et Limoges.
En 2001, Renault Trucks rejoint le groupe Volvo.
Or, le groupe automobile Renault vient d’annoncer la cession de la totalité de ses actions dans le groupe Volvo AB.
Par cette cession, Renault perd tout droit de regard sur la marque Renault Trucks.
Et à travers Renault, c’est la France qui vient de se retirer et nous pouvons nous interroger sur la stratégie que le groupe suédois va désormais adopter à l’égard des sites de production français.
Madame la Ministre, vos collègues Pierre Moscovici et Arnaud Montebourg ont salué le 12 décembre dernier cette cession de la participation de Renault dans le groupe Volvo.
Je ne juge pas l’opportunité de cette opération pour le constructeur automobile, mais le Gouvernement a-t-il pris toute la mesure de cette décision pour Renault Trucks, et ce d’autant plus que la conjoncture économique est extrêmement difficile pour les véhicules industriels ?”

J’alerte le Gouvernement sur cette réalité préoccupante et je vous interroge sur les intentions et sur la volonté du Gouvernement dans ce dossier.”

Réponse :

“En ce qui concerne Renault Trucks, qui regroupe près de 10 000 emplois en France sur les sites de Bourg-en-Bresse, Vénissieux, Saint-Priest, Blainville et Limoges, il faut souligner que l’entreprise représente un acteur clé de la filière des véhicules industriels français, comme vous le rappeliez à l’instant. Il convient de préciser qu’elle a été contrainte, face à la faiblesse du marché, de recourir au chômage partiel en novembre et en décembre 2012, ainsi qu’au cours du premier trimestre 2013. Ce sont 4 150 salariés qui sont touchés sur les sites de Vénissieux et de Saint-Priest dans le Rhône, de Bourg-en-Bresse dans l’Ain, de Blainville-sur-Orne dans le Calvados, pour une durée variant de onze jours pour l’usine de moteurs à environ vingt-quatre jours pour l’usine normande.

Renault, qui détenait 6,5 % du capital de Volvo, maison mère de Renault Trucks, a cédé ses parts en décembre dernier. Les fonds retirés de cette cession ont été, à la demande du Gouvernement, réinvestis à hauteur de 45 % dans le renforcement de la base industrielle française, et, plus précisément, dans les investissements suivants : à Douai, où est fabriquéela Mégane, successeur dela Lagunaet de l’Espace ; à Sandouville, où sera fabriqué le nouveau Trafic ; à Dieppe, où sera fabriquée l’Alpine ; à Flins, pourla Zoé, et à Maubeuge, pour Kangoo. Cette cession, qui, je le rappelle, n’a pas retiré des fonds à Volvo AB et n’a pas d’impact industriel direct sur Renault Trucks, a donc permis, au contraire, de consolider des investissements nécessaires au développement des usines françaises de Renault, qui va investir massivement en France, et ce dans un contexte de marché extrêmement difficile : les ventes de la marque Renault en France se sont contractées de 24 % en 2012.

Nous serons particulièrement attentifs, monsieur le député, à ce que, au-delà des difficultés conjoncturelles, la marque Renault Trucks conserve une place majeure dans la stratégie poids lourds de Volvo, avec l’ambition d’un développement mondial.”

 

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